Druide : qu’as-tu fait de ta liberté ?

 19 février 2016
 Écrit par M. Chupin - Dessin de P. Leveque


Et au jour d’aujourd’hui, tu te retrouves de plus en plus enchaîné, comme l’Astérix vaincu : - Par l’Assurance-Maladie Obligatoire, avec laquelle tu aurais dû te contenter de rapports courtois et de bon aloi, sans entrer dans des négociations de marchands au tapis, où on commence par le petit doigt et on finit par le bras entier. En échange de certains avantages théoriques (solvabilité des patients, avantages sociaux et autres honoraires « différés » apparemment alléchants … mais qui se révèlent assez vite décevants), tu as accepté des contraintes de plus en plus lourdes (honoraires solidement encadrés et bloqués, paperrasseries et obligations administratives etc.)… Et, de convention en convention, les choses s’aggravent doucement ! Avec l’impression désagréable d’être devenu un fonctionnaire, sans en avoir les avantages ! - Par les pouvoirs publics qui prennent le corps médical pour un argument politique, et qui répètent aux électeurs que la médecine est non seulement un droit, mais aussi un bien de consommation courante… Ce qui perturbe l’échelle des valeurs, et fait disparaître la notion de reconnaissance ! Et conduit aussi à la course aux maisons médicales municipalisées, initiées par des petits maires affolés à l’idée de perdre leurs médecins, c’est-à-dire de ne plus pouvoir augmenter leur population (au fait, pourquoi faire ???). Mais, là encore, il y a souvent des contreparties : récemment, un maire voulait imposer à ses médecins-locataires leur secteur conventionnel, un autre leurs horaires d’ouverture… Et ne parlons pas de quelques soviet-cabinets, avec druides carrément salariés (ce qui, dans le contexte, finirait peut-être par avoir quelques avantages !). Donc, prudence et attention aux contrats. - Par l’industrie pharmaceutique dont les moyens l’autorisent à financer largement un grand nombre d’études, de manifestations et de réunions, ce qui lui permet, de facto, de modeler les tendances et les thèmes médicaux du moment… Et, bien entendu, de te conduire insidieusement à prescrire ! - Sans oublier les administrateurs des établissements hospitaliers, publics ou privés, dont la principale préoccupation devient le rendement… Ni les druides eux-mêmes qui se regroupent facilement en sous-tribus, lesquelles n’entretiennent pas forcément entre elles des relations aussi déontologiques que souhaitées. Mais, malgré tout cela, tu as choisi ce « sacerdoce », et tout le monde sait bien que tu ne l’abandonneras pas, de telle sorte qu’ils peuvent continuer à te harceler, sans trop de soucis ! Provocatrix