Mais il ne faut surtout pas croire que « C + MMG », est exactement la même chose que si on avait carrément augmenté le C à 25 €. Il s’agit en fait d’une chausse-trappe : d’une part cette nouvelle majoration ne s’applique pas au secteur 2 pur et dur, et d’autre part elle permet à d’autres rémunérations annexes (par exemple : protocoles Sophia ou ALD) de rester indexées sur le C ancien.
Et la liste des majorations qui peuvent être ajoutées à la lettre-clé est très longue (une bonne vingtaine de Mxx…), variant en fonction des patients (très jeunes ou très vieux), des pathologies, des spécialités, des conditions de l’acte etc… Ne serait-il pas plus simple de conserver simplement la lettre C et de l’assortir d’un coefficient (x 1… x 1,5… x 2… x 2,5… x 3… x 3,5…) ? Mais pourquoi faire simple, lorsqu’on peut faire compliqué ? Et les administratifs de la CNAM ne sont pas forcément les seuls en cause : chaque petite chapelle médicale doit sûrement y participer aussi, pour obtenir sa propre majoration spécifique !
Un autre sigle attrape-nigaud, beaucoup plus ancien (début de la Ve République), est l’ASV (= Avantage Social Vieillesse, une partie des cotisations étant assumée par l’Assurance Maladie). En 1994, les prestations étaient encore indexées sur le C et étaient de 1055 C, ce qui donnerait aujourd’hui 2 022 € par mois… alors que nous n’en sommes plus qu’à la moitié ! Car, depuis, la part de financement par la Sécurité Sociale n’a cessé de diminuer, entraînant donc une dégradation rapide de ce soi-disant avantage. En d’autres termes, on avait incité, dans ces années 60/70, les médecins à se conventionner, et à accepter un C plutôt faible, en échange de cet « honoraire différé ». Mais, comme on pouvait s’y attendre, cet avantage a progressivement été plus que raboté, et sans que le C n’augmente suffisamment pour le rattraper. Si nos prédécesseurs avaient refusé ce marché de dupes, le C aurait peut-être été fixé à sa vraie valeur, permettant ainsi de faire nous-mêmes notre complément de retraite ? Donc, encore une fois, méfions-nous de cette mode, politiquement correcte, des « honoraires différés », et préférons des honoraires immédiats, c’est-à-dire des actes rémunérés à leurs justes prix (et on en est très loin !). Les ROSP seront peut-être ou sans doute le prochain exemple de ce mécanisme pervers.
Bien entendu, les sigles sont légion, et dans tous les domaines, et permettent très souvent de camoufler une partie de la réalité de ce qu’ils représentent. Rappelons, pour sourire, que deux autres sigles paraissent perpétuellement moribonds : le DPC et le DMP !
En guise de conclusion : n’oublions pas qu’une convention se négocie entre deux parties, et que par conséquent nous sommes tout aussi responsables que l’administration de cet état de choses… C’est-à-dire une médecine « libérale » de moins en moins libérale et de plus en plus réglementée !
Provocatrix