Vous avez dit " déserts médicaux " ?

 07 mars 2014
 Écrit par M. Chupin - Dessin de P. Leveque


Signes et diagnostic : un petit matin blême, jour de marché, dans une bourgade rurale de Basse Armorique, la salle d'attente du cabinet druidique est ultra-pleine… La file des patients déborde dans le couloir, lui donnant un air vaguement soviétique ! On y trouve des victimes des administrations (certificats, attestations diverses…) ou des assurances sociales (arrêts de travail, bons de transport… ), un peu ou beaucoup d’anxiologie, quelques sutures, des fébricules infantiles, des chroniques et, au milieu de cela, quelques patients plus " inattendus et donc sans doute sérieux " qu'il faudra savoir repérer, même si le temps fait défaut. Il y a même eu 2 impatients (et pourtant retraités !), qui sont allés voir en face, chez le guérisseur ! Et c'est justement ce tableau que les jeunes druides ne veulent plus accepter, à la différence des générations précédentes (c'est-à-dire : un praticien isolé, avec son cabinet dans sa maison, et sur le pied de guerre 24 h sur 24 !). Traitements : tout a été proposé ! Indemnités pour les étudiants contre engagement d'exercice en zone déficitaire… Salariat des médecins par les collectivités locales ou par l'État (par exemple les nouveaux praticiens territoriaux)… Exonérations fiscales dans les zones soit franches, soit de revitalisation rurale… Élargissement des prérogatives des paramédicaux… Très coté par les petits maires : le recours à des agences de recrutement de praticiens étrangers… Également très cotée : la construction de maisons médicales pluridisciplinaires, etc. La dernière solution est probablement la plus adaptée, mais à condition : d'une part que la maison médicale en question soit la propriété des praticiens, et pas des municipalités, et d'autre part qu'on admette une fois pour toutes qu’il n'y en aura pas une par commune, mais à l'évidence une seule par canton. Une autre solution (qui n'est pas exclusive de la précédente) serait un encadrement des installations, à l'image des pharmacies ou des charges de notaires. Ce qui, au passage, serait tout bonus pour nos retraites ! Mais tout ceci ne règle pas le problème de fond, qui est celui de la sur-consommation remboursée, entretenue par des honoraires désespérément bas, et donc déraisonnablement incitatifs. Sans oublier le poids des forces occultes ! Par exemple l'actuelle publicité télévisée d'un laboratoire pharmaceutique : " Votre santé nous est précieuse "… et pour cause ! Provocatrix